Les "dinosaures" des Kem-Kem, surtout des fossiles de divers vertébrés
Le géologue français G. Choubert a été le premier à trouver et à signaler dans la région de Taouz, dans les marnes de Bou Tarit, quelques dents de Ceratodus et des écailles de GanoÎdes.
Les couches fossilifères sont habituellement constituées par des formations qui offrent tous les aspects : depuis les sables meubles, jusqu'aux grès très durs à ciment calcaire, le tout généralement d'un orange vif, parfois, cependant blanc sale ou bigarré. Les lits durs intercalés, souvent constitués par des formations à stratification oblique, apparaissent quand ils sont soumis à l'érosion superficielle, comme des blocs feuilletés, qui se détachent obliquement les uns des autres. Ces formations, qui forment la base de la falaise hammadienne sur plus de 30 mètres d'épaisseur, ont laissé de nombreux promontoires avancés, découpés par l'érosion en une série de surfaces subtabulaires. C'est essentiellement sur ces grandes surfaces, ou sur les pentes semi-éluviales au pied des escarpements que l'on trouve, en abondance parfois, les restes de vertébrés : dents et ossements généralement très fragmentaires, le tout habituellement fortement silicifié. Les fossiles se trouvent en fouillant dans la falaise.
Choubert avait aussi remarqué un enrichissement naturel sur les surfaces éluviales; l'eau et le vent entraînant les sables, le résidu fossile se retrouvait rassemblé en surface du sol. Il avait également observé que ces gisements étaient souvent associés à des faciès à kerkoub. Ce sont de petites sphères de grès, généralement de la taille d'une grosse bille, que l'on trouve en abondance sur beaucoup de surfaces éluviales.
A la suite de plusieurs campagnes de fouilles, une très riche faune de vertébrés a été signalée dans les couches continentales du Crétacé, sur une étendue considérable. De la latitude d'Erfoud aux Gour Mengoub, soit sur une distance de 250 km de hamada, dans toute leur épaisseur, les grès de cet âge renferment, tantôt à l'état isolé, tantôt en quantité considérable, des dents et ossements de vertébrés. Les dents et les vertèbres d'une variété de poisson-scie : Onchopristis numidus, s'y trouvent en abondance et sont vraiment le fossile caractéristique de ces couches; on peut même retrouver des portions notables du rostre de cet animal. Le Dipneuste Ceratodus est représenté par les dents de deux espèces au moins, de très grande taille, dont le Ceratodus africanus qui reste relativement rare. Le Lepitodus a laissé partout de nombreuses écailles d'une taille importante; on trouve également, fréquemment, des écailles de divers poissons. Il y a plusieurs spécimens de crocodiles, représentés par un très grand nombre de dents dont une espèce gigantesque. En 1948, R. Lavocat en a recueilli quelques fragments osseux, notamment une portion inférieure de museau. Les fragments d'os de Dinosauriens, très brisés, sont abondants, et l'on peut trouver de temps en temps des dents de Megalosaurus, parfois de très grande taille. Au cours de missions entre 1948 et 1951, R. Lavocat a trouvé un tibia, plusieurs vertèbres, une omoplate et des côtes paraissant appartenir à un Dinosaurien voisin du Struthiomimus, un grand Sauropode de taille supérieure aux Diplodocus. Depuis la situation a bien évolué.
Les KEM KEM
Le grand centre du pillage autorisé et organisé des ossements ou autres vestiges de dinosaures et de crocodiliens.
Source : http://spinosauridae.fr.gd/Spinosaurus.htm
Extrait d'un mémoire de Didier B. Dutheil (2000) sur la région des Kem-Kem
traite des dinosaures et des poissons fossiles
www.terre-a-terre.fr/.../Dutheil_2000-Cladistia-et-Kem_Kem.pdf
Accès :
Feuilles NH-30-XIV-4 (Taouz Ouest), XIV-3 (Fezzou), XIII-4 (Tarhbalt) & XIII-2 (Hassi Bou HaÎara)
Référence parcours GT2, guide 4x4 Pistes du Maroc, tome 2, Le Sud, du Tafilalet à l'Atlantique.
La zone des Kem-Kem s'étend sur plus d'une centaine de kilomètres au Sud de la vallée de la Daoura.
Les monts Kem-Kem se situent au Sud-est du Maroc. Les fossiles que l'on y trouve appartiennent au Crétacé supérieur, étage du Cénomanien, soit environ 95 millions d'années. De nombreuses espèces y ont été découvertes; parmi ces fossiles, des dinosaures, des crocodiliens, des tortues et des poissons osseux ont été trouvés sur l'ensemble des gisements (Gara es-Sba, hamada du Guir, Taouz).
La faune dinosaurienne fait l'objet d'attention particulière, depuis notamment la découverte d'un des plus gros dinosaure carnivore, le Carcharodontosaurus saharicus par l'équipe américaine de l'université de Chicago, dirigée par Paul Sereno.
Il arrive assez souvent que l'on rencontre de grosses dents de crocodiles, qui sont associée à tord à des dents de dinosaure, du type Spinosaure. La structure de ces dents, montre un aspect reptilien, manque de racine, base ronde, et stries sur les faces, une carènes bien marquées sur les côtés, ce sont des dents pour la plupart de crocodiliens.
Les dents de dinosaures, sont plates, la base est plus longue que ronde, des crénelures sont observables sur les côtés chez les dinosaures carnivores, alors que les dents de Carcharodontosaurus et de Spinosaurus, n'ont pas de stries sur les faces.
Carcharodontosaurus saharicus
Le nom de ce dinosaure carnivore du Crétacé supérieur signifie "lézard aux dents de requin" (en référence au requin fossile Carcharodon).
Ce Dinosaure était un théropode (dinosaure bipède carnivore). Sa taille est estimé entre 8 et 14 mètres pour les plus gros individus, notamment pour celui trouvé par Paul Sereno. Son poids est estimé entre 7 et 8 tonnes. Son crâne pouvait atteindre 1,60 mètre de long (plus long que le Tyrannosaure).
Durant le Crétacé, le Sahara où sont situés les gisements de Carcharodontosaurus, était constitués par une luxuriante étendue verte (forêt tropicale). La faune associée à cet animal, était composée d'autres dinosaures, mais également de nombreux crocodiles, tortues, lézards, poissons et reptiles volants.
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Spinosaurus
Le nom de ce dinosaure carnivore du Crétacé supérieur, signifie "lézard à épine" (dû à la présence d'une crête dorsale). Ce Dinosaure était également un Théropode (dinosaure bipède carnivore).Spinosaurus n'était pas le seul dinosaure à posséder une crête dorsale, d'autres espèces vivant également dans ce qui allait devenir le Sahara, avaient opté pour cet attribut, qui reste encore mystérieux. Certains spécialistes expliquent l'utilisation de cette crête comme un régulateur de chaleur interne, leur évitant une surchauffe de leur corps, ou au contraire, comme un moyen de se réchauffer plus vite, en offrant une plus grande surface corporelle, aux rayons du soleil. Il se nourrissait d'autres dinosaures, mais devait êtrecapable de se nourrir de divers autres animaux : poissons et reptiles de grandes taille.
Un crâne de Spinosaurus en vente à l'hôtel Drouot
Les scientifiques du Muséum national d'Histoire naturelle de Paris ont quelques raisons de se montrer circonspects vis-à-vis des ventes aux enchères. Le Muséum a en effet connu une déconvenue lors d'une vente qui a eu lieu en juillet 2005 à l'Hôtel Drouot, pour le compte de l'étude de Me Marc-Arthur Kohn. L'expert était Eric Mickeler, qui n'avait pas encore proposé ses services à Christie's. L'objet du litige ? Un crâne de Spinosaurus venu du Maroc, qui a atteint le prix de 81 000 euros (sans les frais). Au terme des enchères, le Muséum, intéressé par le spécimen, a exercé le droit de préemption dont disposent les organismes d'Etat. Dans un tel cas, l'organisme qui préempte bénéficie d'un délai de deux semaines pour confirmer son achat, au terme duquel il se porte acquéreur pour le montant des enchères.
Le hic, c'est qu'après avoir examiné le crâne de spinosaure de plus près le Muséum s'est ravisé. «La pièce était très belle sur le catalogue, mais on n'avait pas de garantie que tous les éléments proviennent du même individu», résume Christian de Muizon. Les responsables du Muséum ont aussi été informés que leurs collègues du British Museum s'étaient vu proposer ce spécimen et l'avaient refusé. Selon les informations recueillies auprès de plusieurs sources professionnelles concordantes, ce Spinosaurus appartenait à un collectionneur français qui l'avait confié pour restauration à une société italienne de Trieste, Stoneage, dirigée par un certain Flavio Bacchia. Les Italiens ont remonté le crâne de manière esthétiquement réussie, mais scientifiquement peu rigoureuse. En clair, d'après une de nos sources, c'est un «animal composite», une chimère faite de restes de plusieurs fossiles. Bien sûr, ces informations ne figuraient pas dans le catalogue de la vente. Lorsque le Muséum s'est rendu compte de sa bévue, il a décidé de renoncer à son achat, estimant être dans son bon droit. Ce que conteste formellement Me Kohn : «Nous avons reçu une première lettre recommandée confirmant l'achat, puis une seconde l'infirmant; c'est une de trop! Aussi avons-nous engagé une procédure administrative contre le Muséum. Elle est en cours.»
Quelle que soit l'issue du litige, il illustre les problèmes que posent certains fossiles un peu trop « bricolés ».
Extrait du Journal Nouvel Observateur 12 avril 2007
Un crâne de carnivore, le plus long jamais retrouvé
Article de Dominique Leglu paru dans le journal Libération du 21 mai 1996.
Il devait avoir la dent dure. Abondante, sans nul doute, et aussi acérée qu'un requin. D'où son nom imprononçable de Carcharodontosaurus (carcharias pour requin, odontos pour dent). Car ce fut un dinosaure, il y a 90 millions d'années, et parmi les méchants, genre T. rex. carnivore. C'est le "plus important crâne de dinosaure carnivore" retrouvé, 1,6 mètre de long, affirme l'un de ses découvreurs, le Français Didier Dutheil, paléontologue amateur. Il ne devait cependant contenir qu'un cerveau désespérément minable, 100 cm3 à tout casser, soit le quinzième d'un cerveau humain.
C'était en 1995, par 50° au soleil du grand Sud marocain. Dans la région des Kem-Kem, non loin de la frontière algérienne. Sous la houlette de l'Américain Paul Sereno, de l'université de Chicago, une douzaine de scientifiques, dont un représentant du ministère marocain de l'Energie et des Mines, étaient venus prospecter.
Paul Sereno, paléontologue de 38 ans à l'époque, n'avait rien d'un nouveau venu dans ce domaine. On le connaît pour son côté Indiana Jones et sa pratique de véritables raids. Dans diverses régions de la planète, Amérique du Sud, Asie et maintenant Afrique, il aime à découvrir (ou redécouvrir) des spécimens de choix, qui, éventuellement, permettront de retracer la longue évolution des dinosaures sur des millions d'années . C'est ainsi qu'Eoraptor (Argentine), Afrovenator (Niger), Sinornis (Chine) sont entrés dans sa gibecière. En l'occurrence, ce qui l'intéressait au Maroc, c'était de comprendre "en quelles branches se sont séparés les dinosaures prédateurs", notamment après la dérive des grands continents comme l'Afrique et l'Amérique du Sud.
Sereno venait d'atteindre le sommet d'un piton de grès quand il a vu affleurer un arrière-crâne. Puis, plus loin, un autre morceau. Une chance, après deux mois de terrain, et peu de temps avant la fin des fouilles.
Il s'agissait d'un crâne presque complet, insiste Didier Dutheil, un photographe qui participa aux fouilles américaines. Mais le reste du corps n'était pas là, comme souvent dans ces gisements de bords de rivière (de l'époque préhistorique). C'est un Carcharodontosaurus saharicus, dont l'espèce avait été identifiée dès 1927 et dont des fragments avaient été trouvés dans les années 40 par un Français, le Père René Lavocat, ainsi que par des spécialistes allemands, dont les trouvailles rapportées d'Egypte à Berlin ont été détruites pendant la guerre.
L'animal, qui remonte au crétacé, serait ainsi une sorte de cousin du T. rex d'Amérique du Nord et du Giganotosaurus, un géant d'Amérique du Sud. "C'étaient trois énormes animaux, explique Sereno. Les prédateurs en haut de la chaîne alimentaire". Ceux qui boulottaient les autres...
"La découverte est importante", estimait Philippe Taquet, qui a également fouillé au Maroc, et trouvé de grands dinosaures herbivores... Même même s'il s'agit d'une redécouverte - au contraire d'une autre trouvaille lors de ces fouilles, un nouveau théropode plus petit, carnassier baptisé Deltadromeus agilis. Surtout, cette découverte pourrait avoir un impact inattendu sur le Maroc, dont le patrimoine fossile a tendance à s'en aller par petits morceaux... "Même si c'est interdit, le matériel est vendu, passe les frontières, les musées occidentaux en rachètent...", explique Didier Dutheil. Si Carcharodontosaurus, Deltadromeus et "le millier de fragments encore à examiner", selon Sereno, sont actuellement à Chicago, ils retraverseront un jour l'Atlantique. Et pourraient bien contribuer à alimenter un musée d'Histoire naturelle au Maroc, encore à créer...
Le crétacé continental de la Hammada du Guir
La découverte en 1947, dans la falaise auprès de la piste d'Hassi Hachguig, d'un gisement de vertébrés crétacés, renfermant les éléments essentiels de la faune du Continental intercalaire, c'est à dire Onchopristis numidus et Ceratodus, deux crocodiles au moins, rendit évidente la continuation, en cette région des grès infra-cénomaniens.
Ce gisement se révéla, dès l‘abord, d'une richesse exceptionnelle puisque permettant de recueillir en deux heures, sur deux ou trois cents m2, plusieurs centaines de dents fossiles; de plus, l'exploration systématique de ces couches permit de montrer qu'elles étaient, plus ou moins mais presque toujours, fossilifères sur 250 km de développement qu'elles présentaient du Nord au Sud. Il convient de noter que G. Choubert fut, en réalité, le premier à trouver et à signaler dans la région de Taouz, dans les marnes de Bou Tarit, quelques dents de Ceratodus et des écailles de GanoÎdes. Mais il ne paraît pas que l'on ait alors accordé à cette découverte tout l'intérêt qu'elle méritait...
Les couches fossilifères sont habituellement constituées par des formations qui offrent tous les aspects : depuis les sables meubles, jusqu'aux grès très durs à ciment calcaire, le tout généralement d'un orange vif, parfois, cependant, blanc sale ou bigarré. Les formations, qui forment la base de la falaise hammadienne sur plus de 30 mètres d'épaisseur, ont laissé de nombreux promontoires avancés, découpés par l'érosion en une série de surfaces subtabulaires. C'est essentiellement sur ces grandes surfaces, ou sur les pentes semi-aluviales au pied des escarpements, que l'on trouve, en très grande abondance parfois, les restes de vertébrés : dents, ossements généralement très fragmentés, le tout habituellement fortement silicifié. Sauf dans certains cas privilégiés, on ne rencontre pas de fossiles en cherchant dans la falaise ou en faisant une fouille...
Il faut donc admettre un enrichissement naturel sur les surfaces aluviales. L'eau et le vent entraînent les sables, et le résidu de plusieurs m3 se trouve rassemblé sur une surface de un ou deux m2. C'est à ce "vannage" naturel, opéré depuis des millénaires, que l'on doit ces importants gisements de surface...
D'après un texte du Père Lavocat : Découvertes dans le désert du Sahara. 1954.
Le spinosaure des Kem-Kem
Les Kem-Kem forment un vaste plateau rocheux tabulaire semi désertique (ou hamada) posé sur la frontière marocco-algérienne et coincé entre la ville marocaine de Taouz, au Nord et la ville algérienne de Zegdou, au Sud.
Cette zone longue de 250 kilomètres (Lavocat, 1954b) ne se délimite clairement que d'un point de vue géologique. En effet, les Kem-Kem sont une immense dalle couronnée de calcaire massif cénomano-turonnien coincée au Nord Ouest par l'Anti-Atlas PaléozoÎque et par trois plateaux rocheux néogènes formant un arc de cercle partant du Sud-Ouest et allant vers le Nord-est. Il s'agit de la Hammada du Guir au Nord est, de la Hammada du Dra au Sud Ouest et enfin de la Hammada de la Daoura au Sud est. Le plateau des Kem-Kem est largement entamé par l'érosion et ne laisse par endroits que des buttes témoins appelées gour (Cavin et al., 2001) lui donnant une physionomie bien particulière.
Le Tafilalet est une plaine alluviale située au Nord des Kem-Kem où descendent les oueds Rheris et Ziz qui prennent leurs sources dans le Haut Atlas. Ces rivières, qui ont donné naissance aux plus grandes palmeraies du Maroc, se rejoignent au Sud Ouest de la ville de Taouz pour former l'Oued Daoura, artère principale qui s'enfonce dans la dalle des Kem-Kem au Sud-Est de Taouz. Les oueds sillonnent d'un réseau très dense la surface des Kem-Kem mais seule la Daoura a taillé une puissante vallée large et profonde qui traverse du Nord au Sud le plateau (Lavocat, 1954a).
Se retrouve à l'Est de la Daoura les Kem-Kem Irijdalène qui se prolongent vers l'Est jusqu'au Moungar Nebech, un feston de falaise formant l'extrémité est de la dalle des Kem-Kem.
Les grands Kem-Kem constituent la bordure Nord-Ouest du plateau, à l'Ouest de la Daoura et ce jusqu'à la Hammada du Dra. Aux alentours de la ville de Zegdou s'étendent les couches gypseuse du Tizi n'Daguine qui recouvrent les calcaires marins de la dalle des Kem-Kem (Lavocat, 1954a).
Historique des découvertes
Les premiers fossiles de vertébrés provenant des couches situées sous les calcaires marins du Crétacé supérieur des Kem-Kem sont des rangées dentaires attribuées à des dipneustes et des poissons ganoÎdes par G. Choubert en 1948 (Wellnhofer et Buffetaut 1999). Cependant, les premières découvertes réellement intéressantes dans cette région furent faites par le père René Lavocat à la fin des années 40. Désireux de tenter des recherches paléontologiques en Afrique afin d'y trouver des mammifères oligocènes, ce docteur des sciences, vivement approuvé et soutenu par son Directeur de laboratoire le Professeur C. Arambourg, sollicita et obtint en 1947 du CNRS une mission qui allait le conduire dans le désert algéro-marocain. Après un parcours à pied (et en voiture) de plus de dix milles kilomètres dans les Hammadas des confins algéro-marocains durant trois hivers (1948-49, 1949-50 et 1950-51), il n'y trouva pas les mammifères oligocènes escomptés mais une riche faune de vertébrés crétacés (Lavocat, 1954a).
Sa première note concernant ceux-ci est publiée en 1948 dans les Comptes Rendus Sommaires de la Sociétés géologiques de France où il explique la découverte d'un important gisement de reptiles (dinosaures et crocodiles) et de poissons dans le soubassement crétacé de la Hammada du Guir (Lavocat, 1948). Une seconde note apparaît en 1949 dans la même revue où Lavocat étend le gisement jusqu'au Sud-Ouest des Kem-Kem et situe précisément plusieurs gisements particulièrement riches en une faune qui est semblable sur tous les sites (Lavocat, 1949a). Après avoir publié d'autres notes sur la géologie et l'âge des Hammadas du Sud marocain (1948, 1949b, 1950 ; F. Joly et R. Lavocat, 1949), il mentionne en 1951 la découverte d'un grand dinosaurien sauropode dans le Crétacé du Sud marocain non loin le l'Oued Bou Haiara, au pied du versant Sud de la Gara Sbaa.
Durant l'hiver 1951-1952, il retourne sur ce même gisement et achève, grâce au moyen matériel et aux hommes que lui met à sa disposition le Service Géologique du Maroc, la fouille du gisement à dinosaures. Ce dernier n'est qu'une petite lentille fossilifère qui est très rapidement fouillée ne permettant de mettre au jour que quelques ossements supplémentaires (Lavocat, 1952). Le paléontologue français fait en 1954 un compte rendu de ces découvertes d'ossements de dinosaures trouvés dans trois gisements des Kem-Kem (Tabroumit, Kouah Trick et Gara Sbaa). Sa dernière note sur les vertébrés fossiles des Kem-Kem porte sur la découverte du fragment de crâne d'un crocodilien au pied du versant Nord de la Gara Sbaa (Lavocat, 1955a).
Il fallut attendre plus de vingt années pour que d'autres scientifiques s'intéressent à la riche faune de vertébrés des gisements des Kem-Kem. En effet, c'est en 1971 que l'Institut et Muséum de géologie et de paléontologie du Georg-August-Universität de Göttingen en Allemagne demande au docteur H. Alberti et deux de ses employés (O. Chérif et U. George) de récolter des ossements dans le « Continental Intercalaire » de la base de la Hammada du Guir près de la ville de Taouz (Buffetaut, 1989). Le matériel ramené à Göttingen comprend des restes de quelques crocodiles décrits par Buffetaut (1976, 1994), des restes d'un coelacanthe géant décrit par S. Wenz (Wenz, 1981) ainsi que d'autres éléments appartenant à des crossoptérygiens (Wenz, 1980), quelques dents de dinosaures carnivores rapporté au genre Carcharodontosaurus et enfin des restes d'un autre dinosaures carnivores rapporté au genre Spinosaurus et dont Buffetaut décrit un maxillaire incomplet (Buffetaut, 1989).
Depuis lors, les autochtones, encouragés à développer un marché de fossiles de vertébrés (principalement des dents de crocodiles et de dinosaures carnivores), fouillent de toutes parts les niveaux fossilifères des gisements des Kem-Kem et du bassin du Tafilalet et la plupart des publications scientifiques qui concernent des vertébrés fossiles de cette région reposent sur du matériel récolté par les marocains. Ainsi, malgré l'achat d'un grand nombre d'ossements par des particuliers, plusieurs spécimens fossiles ont été obtenus par diverses institutions scientifiques. Par exemple, Brian Eberhardé de Cambridge légua une partie de son matériel au Canadian Museum of Nature principalement et au Natural Museum History de Londres (Russel, 1996). Ainsi, le matériel fossile obtenu par le Canadian Museum of Nature fut décrit par plusieurs scientifiques dont Stephen Cumba pour les poissons, France de Broin pour les chéloniens, Hans-Dieter Sues pour les crocodiles et enfin Dale Russel (1996) pour les dinosaures.
Néanmoins, une mission scientifique américano-marocaine est retournée sur les gisements des Kem-Kem et du Tafilalet à plusieurs reprises. Dirigée par le paléontologue Américain Paul Sereno, cette équipe fit ainsi la découverte de dinosaures tout à fait particuliers (Sereno et al., 1996, 1998) ainsi que des Poissons (Dutheil, 1999a, 1999b).
Ces dix dernière années, la majeure partie des publications scientifiques qui décrivent des vertébrés fossiles provenant des Kem-Kem reposent sur du matériel qui a été acquis par les paléontologues eux-mêmes ou par des revendeurs à partir des commerçants autochtones qui fouillent cette région (ex. Kellner et Mader, 1997 ; Cavin et Dutheil, 1999 ; Cavin et al., 2001 ; Cavin et Brito, 2001 ; Gaffney et al., 2002 ; Cavin et Forey, 2004 ; Amiot et al., 2004 ; Dal Sasso et al., 2005 ; Yabumoto et Uyeno, 2005 ; Mahler, 2005).
Géologie et sédimentologie du gisement
Le calcaire marin du Cénomano-Turonien forme la partie principale et l'ossature des Kem-Kem (Lavocat, 1954a). Ce Crétacé a fournit dans ces couches une riche faunes d'ammonites, oursins, rudistes et bivalves variés (Choubert et Marçais, 1952). Dans les grands Kem-Kem, le Crétacé marin est fortement relevé et affecté de plis allongés d'axe grossièrement N-S (Lavocat, 1949b). Il est recouvert dans les Kem-Kem Irijdalène par des couches aquitaniennes (Miocène inférieur) à gastéropodes (Limicolaria) qui sont gréseuses à la base et calcaire au sommet et reposent en nette discordance sur la dalle crétacée (Lavocat, 1954a).
Le plateau des Kem-Kem est donc entièrement constitué par une falaise du Crétacé couronnée par la dalle cénomano-turonienne sous laquelle plonge vers le Sud et l'Est le PaléozoÎque dont les reliefs, relativement peu détruits, ont été fossilisés par les couches crétacées. Tout le secteur situé à l'Ouest de la Daoura, jusqu'au parallèle de la ville de Zegdou est constitué uniquement de Crétacé avec sa couverture calcaire. Ce Crétacé marin s'enfonce dans la région de Zegdou sous le complexe de formations saumâtres gréso-gypseuses à la base et gréso-calcaires au sommet qui sont attribuées au Turonien (Couches à gypses de Tizi n'Daguine). A l'Est de ce parallèle, le Crétacé entoure un îlot PaléozoÎque (Lavocat, 1954a).
Les bordures Nord et Ouest des Kem-Kem (en contact avec la bordures Est de la Hammada du Guir) font apparaître, sous la dalle cénomano-turonienne une puissante masse de Cénomanien continental principalement gréseux renfermant les vertébrés fossiles (Lavocat, 1948). Cet horizon est appelé « Continental Intercalaire » (Lavocat 1954c) ou « Kem-Kem beds » (Sereno et al., 1996) et se retrouve également au Nord de la plaine du Tafilalet (Cavin et Brito, 2001). On distingue généralement dans cet horizon deux unités qui forment, avec les calcaires cénomano-turoniens au sommet, la trilogie mésocrétacée typique (Choubert, 1954).
Ces deux unités ont été décrites avec précision par Joly (1962) :
a. Unité inférieure, les « Grès rouges infracénomaniens » :
Cette unité est essentiellement constituée de grès rouges alluviaux. Son épaisseur moyenne est de l'ordre de 100 à 150 mètres mais elle peut varier, surtout lorsque les grès recouvrent une surface accidentée. En outre, elle s'amincit sur le bord des bassins de sédimentation. Le faciès présente aussi de légères variations selon les lieux et surtout selon les niveaux.
- A la base, et particulièrement dans les creux des reliefs ennoyés, ils sont grossiers et hétérogènes. Ils recouvrent souvent le Primaire par l'intermédiaire d'un lit discontinu de quelques décimètres, tantôt de cailloutis anguleux qui évoquent le revêtement des glacis d'érosion, tantôt de galets roulés comme ceux des fonds d'oueds. Ils se composent de passées de graviers ou de sables en forte proportion émoussés et luisants, intercalés dans des grès rouges mal cimentés, à gros grains souvent mats ou au moins picotés, avec parfois des traces de calcaire ou de gypse ou, plus communément, des bancs de conglomérats à éléments du Primaire.
- Plus haut, les grès sont plus fins, plus uniformes aussi dans leur composition minéralogique essentiellement quartzeuse, et mieux calibrées. Ils sont de teintes plus claires, voire même franchement jaunes. Les grains luisants abondent, les stratifications entrecroisées sont plus fréquentes et plus nettes. Les dragées de quartz sont plus nombreuses. On y rencontre souvent des passées argileuses, des traces de plantes et des ossements plus ou moins roulés d'animaux de lagunes ou de marigots (poissons, crocodiliens, dinosaures,...)
- Vers le sommet, s'affirment et se multiplient les entrelits marneux et argileux qui annoncent des conditions nouvelles présentant des stratifications entrecroisées, typique de remplissage de chenaux.
b. Unité supérieure, la « Marne versicolore à gypse » :
Cette unité se compose d'une alternance de niveaux gréseux et de niveaux plus argileux. Il s'agit de couches marneuses, rouges, blanches ou bigarrées, parfois gypseuses, passant à des marno-calcaires ou des calcaires gréseux. Elles peuvent atteindre plusieurs dizaines de mètres d'épaisseur et annoncent le retour de la mer et le début de la grande transgression cénomanienne. Cette formation évoque un régime de lagunes ou s'accumulaient encore des dépôts détritiques, en bordure d'une mer transgressive.
Age du gisement
L'âge du gisement à vertébrés des Kem-Kem a longtemps été débattu par les paléontologues. C'est Lavocat (1948) qui le premier attribue au Crétacé moyen « probablement Cénomanien, peut être Albien » les couches riches en vertébrés fossiles qui forment le soubassement de Hammada du Guir situées à quelques kilomètres au Sud de la dalle de calcaire marin. Cette dernière est datée du Cénomano-Turonien depuis déjà plusieurs années par divers auteurs (Barthoux, 1924 ; Daguin, 1931 ; Menchikoff, 1936 ; Choubert, 1939). Basse et Choubert (1956, 1959) puis Ferrandini et al. (1985) confirmeront plus tard cet âge. Lavocat remarque aussi les étroites relations faunistiques unissant les divers territoires d'Afrique du Nord depuis l'Egypte jusqu'au Maroc comme l'avait fait pour le niveau des phosphates du même âge Arambourg (1935) douze ans auparavant. Cette étroite parenté des faunes de plusieurs grands gisements africains (Kem-Kem au Maroc et en Algérie, Gadoufaoua au Niger, Baharija en Egypte,...) est discutée au chapitre suivant. Lavocat ne redéfinira l'âge du gisement que dans sa publication sur la reconnaissance géologique dans les Hammadas des confins Algéro-marrocains du Sud où il attribue la puissante masse continentale située sous la dalle cénomano-turonienne et renfermant des vertébrés fossiles à l'Infra-Cénomanien (Lavocat, 1954a).
Plus récemment, Philippe Taquet étudie dans les années 70 la paléontologie et la géologie du vaste gisement de Gadoufaoua situé au Niger. Il date ce site de l'Aptien (Taquet, 1976) et place les couches à vertébrés du Sud du Maroc à l'Albien tout comme celle de la localité de Bahariya d'Egypte que Stromer (1936) avait attribuées au Cénomanien. Cependant, des études sur les poissons fossiles du gisement égyptien (Slaughter et Thurmond, 1974 ; Schaal, 1984) ont confirmé l'âge qu'avait donné Stromer 40 ans plus tôt.
Buffetaut (1989) reconnaît aussi la contemporanéité des faunes de la Hammada du Guir et celles de Baharija et admet qu'il n'est pas exclu que les faunes du Sud du Maroc, qui peuvent être datées au Cénomanien basal, appartiennent peut-être à l'Albien supérieur.
L'âge le plus récent des niveaux continentaux riches en vertébrés a pu être défini avec précision grâce à l'existence, à la base de la dalle calcaire Cénomano-turonienne, d'une zone comprenant l'ammonite Neolobites vibrayeanus (Basse et Choubert, 1959). Cette zone se retrouve à divers endroits des régions téthysiennes et correspond à la base du Cénomanien supérieur. Ainsi, les couches riches en vertébrés fossiles et situées juste en dessous de ce niveau ne peuvent pas être plus jeunes que la base du Cénomanien supérieur. En revanche, les niveaux les plus anciens du « Continental intercalaire » qui reposent en discordance sur le PaléozoÎque ne peuvent pas être datés avec certitude (Wellnhofer et Buffetaut, 1999).
Dominik (1985) étudia en détail la Formation de Baharija d'Egypte qu'il divise en trois membres tous Cénomanien. Le membre du milieu qui contient le bone-bed comprend des intercalations de calcaire avec des ammonites Neolobites qui indique un âge Cénomanien supérieur. Les similitudes indéniables entre les faunes des Kem-Kem et de Baharija (voir chapitre suivant) suggèrent ainsi que les « Kem-Kem beds » peuvent être datés du Cénomanien (Tong et Buffetaut, 1996).
Sereno et al. (1996) confirmeront cet âge sur base de neuf espèces d'élasmobranches dont sept se retrouvent dans les mêmes dépôts de la formation de Baharija (quatre de celles-ci ne se trouvent uniquement que dans cette formation (Sereno et al., 1996) et deux autres ont une distribution stratigraphique limitée au Cénomanien (Sereno et al., 1996 ; Cappetta et Case, 1999). Les dernières études qui ont été réalisées sur les faunes de poissons des « Kem-Kem beds » ont attribué, sur base de dents de sélaciens, ces niveaux au Cénomanien inférieur (Dutheil, 1999a).
La Faune fossile des Kem-Kem :
La faune qui régnait dans l'actuel endroit des Kem-Kem au Cénomanien était extrêmement diversifiée, tant au niveau des poissons, que des tétrapodes.
Chez les poissons, les sous-classes des Elasmobranches (Classes des Chondrichtyens), des Actinoptérygiens et des Sarcoptérygiens (Classe des Ostéichtyens) sont toutes trois représentées par plusieurs familles (Russel, 1996 ; Cavin et Dutheil, 1999 ; Dutheil, 1999a ; Cavin et al., 2001). Au niveau des Elasmobranches, l'on retrouve les trois ordres suivants : les Hybondontiformes, les Lamniformes et les Squaliformes comprenant uniquement le superordre des BatoÎdes. Les Sarcoptérygiens comprennent des dipneustes de la famille des Cératodidés ainsi que des Coelancanthidés du genre Mawsonia.
Les Actinistiens quant à eux sont représentés par un grand nombre de taxons qui se rangent dans deux sous-classes, les Cladistia et les Actinopteri. Parmi ces derniers, l'on retrouve plusieurs familles dont les Lepisosteidae, les Semionotidae, les Pycnodontidae et les Amiidae. L'ensemble de ces poissons vit dans les eaux douces des lacs et des rivières.
Les publications scientifiques sur la faune de vertébrés des Kem-Kem rendent aussi compte d'une importante communauté de tétrapodes. Parmi celle-ci se trouvait des tortues d'eaux douces appartenant aux familles des Pelomedusidae, Bothremydidae, Podocnemididae et Araripemydidae (De Broin, 1988 ; Tong et Buffetaut, 1996 ; Gmira, 1995 ; Lapparent de Broin, 2000 ; Gaffney et al., 2002), des serpents (Sereno et al., 1996 ; Rage et Escuillé, 2003) et des varanoÎdes (Sereno et al., 1996). Les crocodiliens terrestres de petite ou grande taille sont également présents et dominent la faune (Russel, 1996). Cinq familles ont pour l'instant été répertoriées : les Libycosuchidae (Buffetaut, 1976), les Trematochampsidae (Buffetaut, 1994), les Pholidosauridae? (Sereno et al., 1996), les Dyrosauridae (Sereno et al., 1996) et les Notosuchidae (Lavocat 1954a ; Buffetaut 1989a). Un dernier genre ("Thoracosaurus" cherifiensis ; Lavocat, 1955a) n'a pus être classé parmis une famille de crocodilidés.
Sur la terre ferme, tous ces reptiles étaient accompagnés par les dinosaures, animaux les plus fréquents de cette époque. Les Saurischiens dominent nettement les Ornithischiens qui ne sont connus que par des empreintes (Sereno et al., 1996, d'après Thulborn 1990). Mais malgré celles-ci, les Ornithischiens, contrairement aux autres sites associés au « Continental intercalaire », semblent être véritablement absents puisque leurs dents et leurs ossements ne se retrouvent pas dans les sites fouillés par les autochtones (Buffetaut pers. commun.).
Les Théropodes sont actuellement représentés par cinq familles incontestables : les Spinosauridés (Kellner et Mader, 1999) avec les espèces Spinosaurus aegyptiacus (Buffetaut 1989a, 1989b, 1992 ; Dal Sasso et al., 2005) et Spinosaurus maroccanus (Russel, 1996), les Carcharodontosauridés avec la seule espèce Carcharodontosaurus saharicus (Lavocat 1954c ; Buffetaut, 1989a ; Russel, 1996 ; Sereno et al., 1996 ; Amiot et al., 2004), les Abelisauridés dont les ossements n'ont pas été rapprochés à un genre particulier (Russel, 1996 ; Mahler, 2005), les Noasauridés avec l'espèce Deltadromeus agilis (Sereno et al., 1996) et les Dromaeosauridae représentés par des dents (Amiot et al., 2004).
La famille des Sigilmassasauridés, qui ne comprend que l'espèce Sigilmassasaurus brevicollis (Russel, 1996) est actuellement considérée comme incertae sedis (Weishampel et al., 2005). Sereno et al. (1996) la voient comme un synonyme junior de Carcharodontosaurus saharicus et Mahler (2005) la rapproche à une espèce de Spinosaurus maroccanus. Un grand nombre d'ossements n'ont pu être classés dans une famille précise de théropodes. Lavocat (1954c) rapproche un tibia gauche au genre Elaphrosaurus sp., un Neoceratosauria connu au Jurassique supérieur en Tanzanie et découvert également dans les couches cénomaniennes de Bahariya en Egypte. Des vertèbres, des os crâniens ainsi que des os des membres inférieurs et postérieurs ont aussi été rapprochés à des théropodes d'affinité indéterminée (Russel, 1996).
Cette abondance de dinosaures carnivores de plusieurs formes sur le site des Kem-Kem contraste nettement avec la pauvre diversité des formes herbivores qui ne seraient représentées en grande majorité que par les Sauropodes puisque les Ornithischiens sont très rares et peut être mêmes absents. Seuls les immenses dinosaures quadrupèdes à longue queue et à long cou muni d'une tête relativement petite en rapport au reste du corps devaient constituer le menu des formes carnivores de Carcharodontosauridés, Abelisauridés et Noasauridés. Les Sauropodes ne sont représentés dans les Kem-Kem que par trois familles, les Rebbachisauridae avec l'espèce Rebbachisaurus garasbae (Lavocat 1951, 1954b, 1954c, 1955b ; Russel, 1996), les Dicraeosauridae (Russel et Paesler, 2003) et les Titanosauridae (Russel, 1996 ; Sereno et al., 1996). Deux dents qui diffèrent de celles des Rebbachisauridés et des Titanosauridés appartiennent enfin à un sauropode indéterminé (Russel, 1996).
La niche écologique des airs n'était pas non plus dépourvue de faune puisque les ptérosaures dominaient le ciel à cette époque. Trois familles de ptérodactyloÎdes ont pu être recensés avec certitude. Il s'agit des Anhangueridae (Kellner et Mader, 1997 ; Mader et Kellner, 1997, 1999), des Azhdarchidae (Kellner et Mader, 1996 ; Wellnhofer et Buffetaut, 1999) et des Tapejaridae (Wellnhofer et Buffetaut, 1999). Deux autres familles, les Pteranodontidae et les Ornithocheiridae, ne sont pas encore authentifiées (Wellnhofer et Buffetaut, 1999). Néanmoins, les ptérosaures étaient particulièrement diversifiés dans la région des Kem-Kem actuels (Wellnhofer et Buffetaut, 1999).
Pour l'instant, aucune publication concernant des lézards, oiseaux et mammifères ayant été découverts sur le site des Kem-Kem n'a vu le jour. De prochaines fouilles dans cette région permettront certainement d'intégrer ces animaux dans la faune qui vient d'être décrite. Le site des Kem-Kem à fournit une des faunes de tétrapodes les plus diversifiés d'Afrique au MésozoÎque tant au niveau des crocodiliens et des ptérosaures que des dinosaures (Russel, 1996).
Source :
D'après un texte de Christophe Hendrickx
Pour en savoir plus, consulter l'exceptionnelle et très complète étude sur les spinosaures dans le monde et sur les Kem-Kem sur son blog.
http://spinosauridae.fr.gd/Spinosaurus.htm
Bibliographie des Kem-Kem
Lavocat R. :
- Sur l'existence de plissements affectant les terrains récents de la Hammada du Guir. C.R. sommaire Soc. géol. Fr., 1948, n°7, 12 avril.
- Découverte de Crétacé à Vertébrés dans le soubassement de la Hamada du Guir. C.R. Acad. des Sc., 1948, t. 226, p. 1291, 19 avril
- Les gisements de Vertébrés crétacés du Sud marocain. C.R. sommaire Soc. géol. Fr., 1949, n°7, 7 avril.
- Quelques observations dans les hammadas du Sud marocain. C.R. sommaire Soc. géol. Fr., 1949, n°7, 9 mai.
- Sur l'âge de la Hamada du Draa. C.R. Soc. géol. Fr., 1950, n°9, 8 mai.
- Découverte de restes d'un grand dinosaurien sauropode dans le Crétacé du Sud marocain. C.R. Acad. des Sc., 1951, t. 232, page 169, 8 janvier.
- Reconnaissance géologique dans les Hammadas des Confins Algéro-Marocains du Sud. Notes et Mémoires n°116. Service Géologique du Maroc 1954
Joly F. & Lavocat R. : Observations géologiques et morphologiques dans les Kem-Kem de la Daoura. C.R. Soc. géol. Fr., 1949, n°13, 7 novembre.
Joly F. : Sur le dédoublement de la série tertiaire de la Hammada du Guir au Sud de Taouz et sur l'extension probable du Tertiaire dans le pays de la Daoura. C.R. Soc. géol. Fr., 1950, n°13, 7 novembre.
A. F. de Lapparent. Les dinosauriens du "Continental intercalaire" du Sahara central. Mémoire Société de Géologie de France, 1960, 88A : 1-57.