C'est ce site qui a révélé l’importance des peintures rupestres au Sud de la chaîne des jebels Tazzout et Ouarkziz. Devenu célèbre grâce aux courtes publications dont il a déjà fait l’objet, il se situe sur un petit affluent du grand oued Azguer. Il est également appelé le site de Laouinate (les sources). Ces publications annoncent toutes que c’est en juillet 2001 que Fatimatou Malika bent Benata, qui ayant planté sa khaïma aux abords du puits d’Aouinet Azguer, a découvert ces peintures.
De retour au village de Msied, elle s’est alors empressée d’alerter le khalifa Babouzaid el-Mghafri, qui, à son tour, a prévenu le caïd, lequel a informé le gouverneur de la province de Tan-Tan.
En fait, le déroulement de cette découverte est inexact. Fatimatou et sa famille nomadisaient depuis longtemps entre Smara et Msied. Déjà, en 1991, elle avait eu l’occasion de remarquer ces “images” peintes au plafond d’abris sous-roches. Elle n’avait pas manqué à l’époque de les signaler aux autorités locales, khalifa et autres. Une information qui n’avait pas éveillé l’intérêt qu’elle méritait. C’est seulement à la suite de ma visite dans le secteur au cours de l’hiver 2000-2001 pour la prospection d’itinéraires du tome 3 du guide 4x4 Pistes du Maroc, consacré à la région entre la vallée du Draa et la Seguiet el Hamra, que j’en ai profité, en compagnie du khalifa du caïd de Msied, déjà mentionné et désigné par le Gouverneur de la province pour m’accompagner, pour faire un éventuel relevé des sites rupestres, principalement de gravures signalées dans l’inventaire officiel de l’INSAP. N’ayant pas trouvé grand chose, j’ai demandé au khalifa d’informer les campements locaux que j’étais à la recherche de choses du genre mais sans imaginer que ce fameux site de peintures aller sortir de l’anonymat.
C’est ainsi que le khalifa a fini par savoir qu’une nomade avait signalé des “images” au plafond d’abris sous-roche à environ 30 km dans le Sud-Est de Msied. Étant retourné en France je n’ai pu profiter de la primeur de la première visite. Deux spécialistes, Suzan Searight et Guy Martinet, informés officiellement, sont venus se rendre compte sur place de l’intérêt du site. Lors de mon retour, j’ai pu aller voir moi-même, en compagnie d’un autre spécialiste, Robert Létan, ces magnifiques peintures et juger de leur importance pour le Maroc.
Le gouverneur de la province n’a vu aucun inconvénient à ce que je les publie dans mon guide qui était en cours de bouclage. Publication qui a été à l’origine d’une campagne de presse contre moi; attaques me reprochant de divulguer et de mettre ainsi en péril le patrimoine national. J’ai été dans l’obligation de me défendre par voie de presse, avec heureusement l’appui de plusieurs association berbères qui ne comprenaient pas pourquoi l’on me reprochait de divulguer des preuves de la présence de communautés peuplant le pays avant les invasions arabes.
Depuis, l’eau a quelque fois coulé dans les oueds, et d’autres sites ont été découverts dans la région, toujours suite à mon insistance auprès des campements locaux. Comme le guide était paru, je ne risquais plus de divulguer au monde leur existence et on m’a laissé, un peu à contrecœur au début, visiter ce qui était signalé par les bergers et à en assurer le relevé. Ceci jusqu’au dernier site, celui de l’oued Tel’Leh, probablement aussi important que celui d’Aouinet Azguer dans un genre assez différent, que nous pensons, mon assistant Hoceine Ahalfi et moi-même, avoir été les premiers à visiter en novembre 2006 et à en faire le relevé photographique avant d’y revenir début février 2007 avec l’équipe de télévision marocaine de Lahoucine Faouzi, œuvrant pour la RTM, la même qui était déjà venue faire un reportage sur Aouinet Azguer.
Les abris sous-roches contenant les peintures sont situés de part et d’autre de l’oued asséché, affluent de l’oued Azguer. Selon les descriptions fournies par R. Létan (rapport interne) et par S. Searight et G. Martinet (2002), les sujets peints sont variés et probablement de styles et d’époques différentes. Les figures peintes à l’entrée et à l’intérieur, sur le plafond, se distingueraient de celles des panneaux dessinées au fond de l’abri principal.
La totalité des peintures a été effectuée à l’ocre rouge, soit aux traits fins, soit par des aplats. On ne retrouve pas la faune tropicale à laquelle on pouvait s’attendre à l’exception d’un lion et quelques autruches, mais une majorité de bovidés et d’antilopes et peut-être de moutons. Par contre les représentations humaines (dont certaines sexuées) sont nombreuses. Les anthropomorphes sont caractérisés par des fesses prononcées et des cuisses larges. On note la présence de plusieurs personnages armés d’arcs, ainsi que des frises de plusieurs dizaines de petits sujets stylisés sensés représenter des anthropomorphes. Certains sujets atteignent plusieurs dizaines de centimètres de hauteur. Un petit abri présente une voûte garnie d’un mouchetis de points ocre rouge. Beaucoup de peintures proposent des figures indéterminées. De nombreux tumulus préislamiques, dont certains présentant quelques particularités, occupent les terrasses amont de l’oued. Il n’a pas été découvert de gravures rupestres dans le secteur.
Reportage du Journal L'Espress, n°2779, 2004
Itinéraire
Référence: Parcours H2, du guide Pistes du Maroc, tome 3, édition 2006.
Feuilles 250.000e, NH-29-13 (Tan-Tan) & NG-29-1 (Hawza)
Km 0. 28°00,90’N - 10°48,85’W. Msied. Quitter le village par la piste qui passe le foum puis qui continue cap au Sud en franchissant l’oued.
Km 0,3. 28°00,20’N - 10°48,83’W. Suivre la nouvelle piste par la gauche.
Km 6,5. 27°57,35’N - 10°47,50’W. 350 m. Au pied du petit site à peintures d’Asleg (M). Vous êtes dans la vallée de l’oued du même nom qui prend ensuite ne nom d’Amslik.
Km 9,2. 27°56,27’N - 10°46,57’W. Citerne d’Amslik. La piste se dirige vers le fond de la vallée pour monter sur le plateau d’Asguer. Ravinements possibles en cas de fortes pluies.
Km 16,9. 27°54,23’N - 10°43,69’W. 574 m. Ras Amslik. Arrivée sur le plateau.
Grande piste aménagée au bulldozer pour rejoindre le site à peintures rupestres d’Aouinet Azguer.
Km 28,1. 27°52,34’N - 10°38,60’W. 472 m. Embranchement à droite pour le site à peintures rupestres d’Aouinet Azguer.
Km 32. 27°51,25’N - 10°39,55’W. En bordure de l’oued, affluent de l’oued Azguer, où se trouvent les peintures.
Escalier pour descendre directement près du grand abri sous-roche. Tente du gardien dans le voisinage.
a) Site d’Aouinet Azguer.
Dans un secteur peu étendu, sept abris sous-roches, renfermant des peintures rupestres bien définies ont été dénombrés de part et d’autre de l’oued, en général en hauteur par rapport au niveau du sol.
27°51,11’N - 10°39,44’W. Rive gauche, au pied du plus important des abris proposant une variété de sujets sur environ une dizaine de mètres carrés.
27°51,15’N - 10°39,45’W. Rive gauche, autre abri sous-roches à peintures.
En face, sur la rive opposée, un petit abri, au niveau de l’oued, recèle quelques peintures.
27°51,26’N - 10°39,61’W. A environ 100 mètres, dans un affluent rive droite, quatre abris proposent une belle variété de sujets. Tumulus préislamiques sur les terrasses en face.
b) Amont d’Aouinet Azguer
27°51,32’N - 10°40,02’W. Rive droite, bovidé.
1. 27°51,14’N - 10°40’W. Rive gauche. Grand abri sous-roches. Troupeau chèvres, ocre blanc.
2. A l’ocre rouge : anthropomorphes, frise de divers à 2,5 de haut, et multitude de divers largement effacés.
3. 27°51,03’N - 10°40,08’W. Rive droite. Au début d’un grand abri sous-roches dans un petit abri séparé, un bovidé et 2 autruches.
4. 27°51’N - 10°40,09’W. Rive droite. Site important. Pointillés, frise d’anthropomorphes, tifinaghs, bovidés et multitude de divers en partie effacés.
27°50,99’N - 10°40,10’W. Au dessus, petit abri en forme de cloche; quelques traces d’ocre rouge.
5. Au-dessus du grand abri; un bovidé
27°51,02’N - 10°40,18’W. Rive gauche. Petit abri avec quelques anthropomorphes en forme d’orant.
a) Site d’Aouinet Azguer
b) Amont d’Aouinet Azguer