L'art rupestre du Sud marocain est beaucoup plus riche que dans le Maroc septentrional. Si les gravures abondent au Sud de la chaîne de l’Atlas, les peintures rupestres n’y sont représentées qu’à quelques rares endroits. Il faut passer la vallée du Draa et la chaîne du Ouarkziz pour rencontrer une représentativité non dénuée d’intérêt et correspondant aux différentes phases chronoculturelles définies dans le Sahara.
Leur fragilité est grande, tant à cause des effets du climat (contrairement aux idées reçues, le « sec » n'est pas particulièrement conservateur des surfaces rocheuses), qu'à cause de la présence humaine (ignorance, pillage archéologique, faits de guerre, vandalisme).
Autant certaines zones du Sahara Central et Oriental ont bénéficié d'inventaires archéologiques quasi-exhaustifs, assortis d’une bonne cartographie, notamment pour l'art rupestre, autant le Sahara Occidental manque encore d'un programme de fond destiné a rassembler d'une part ce qui est déjà connu, même très partiellement (inventaire et regroupement de la bibliographie internationale) et d'autre part à mobiliser un certain nombre de spécialistes pour coordonner et systématiser l'exploration de terrain, afin de connaître et de publier, par exemple sous l'égide d'instances gouvernementales, un inventaire général raisonné de l'art rupestre du Sud marocain.
De cette façon, ce patrimoine culturel se verrait enrichi et utilement étudié. Cela permettrait en particulier de mieux comprendre l'origine des divers peuplements pré et protohistoriques provenant du Sahara, les foyers d’apparition et d'extension géographiques ou d'influences des différentes paléocultures, manifestées entre autre par l'art rupestre.
Il apparaît que la richesse du patrimoine rupestre du Sahara Occidental devrait permettre d'envisager la création, dans les secteurs à forte concentration de station rupestre, de zones protégées bénéficiant du statut juridique et administratif de Parc Naturel. Il importe, dès maintenant, de prendre des mesures conservatoires pour ce patrimoine archéologique inestimable. Parallèlement, des mesures préventives devraient être prises auprès des populations locales, de façon à rendre optimale la conservation du patrimoine. Cette prévention repose sur une pédagogie simple : apprendre à un enfant que son pays a été peuplé par des hommes, il y a très longtemps, qui ont laissé au sol et sur les rochers des traces fragiles de leur quotidien, de leurs religions, fait partie du devoir de mémoire des adultes d'aujourd'hui.
Apprendre à cet enfant à reconnaître ces traces, à les respecter, à les considérer comme son héritage, son appartenance profonde, de son enracinement à sa culture, à ses valeurs, à son pays. Et cela, même si l'archéologie préhistorique ne traduit pas nécessairement la réalité moderne des valeurs de l'Islam.
Au Maroc, comme partout dans le monde, l'éducation au Patrimoine devrait figurer parmi les préoccupations majeures des dirigeants politiques. Hélas, c’est loin d’être le cas...