Hitchcock fut le premier spécialiste de l’étude des empreintes de pattes de vertébrés en publiant en 1836 un inventaire de ses découvertes. Conformément à l’idée que l’on se faisait à l’époque de l’histoire de la terre, toutes les empreintes tridactyles, petites ou grandes, de la vallée du Connecticut furent considérée par lui comme ayant appartenu à des oiseaux antédiluviens.C’est Hitchcock qui a créé le terme ichnology pour désigner ce nouveau domaine d’étude de la paléontologie; c’est encore Hitchcock qui appliqua à ces fossiles particuliers les méthodes de classification élaborées par Linné en créant des genres et des espèces selon les caractères observés sur ces empreintes. On parle dans ce cas d’ichnogenre et d’ichnoespèce et il existe ainsi une classification parallèle à celle qui est élaborée à partir de l’étude des squelettes. Mais si l’étude d’une piste à partir de traces permet de savoir que l’on a affaire par exemple à un grand dinosaure quadrupède, donc à un Sauropode, elle ne permet pas de connaître l’identité de celui-ci : s’agit-il d’un Diplodocus ou de son contemporain Camarasaurus ou de l’espèce Diplodocus longus plutôt que de l’espèce Diplodocus carnegiei ? Seule la présence du squelette de l’auteur des empreintes permettra de trancher. Mais on ne trouve pratiquement jamais les squelettes fossilisés dans les lieux où se sont fossilisées les empreintes.
Les erreurs d’Hitchcock
Ce grand précurseur de l’études des empreintes fossiles décrivit une multitude d’espèces de traces tridactyles qu’il attribua toutes à des oiseaux... par erreur. En réalité, ces empreintes étaient celles de dinosaures bipèdes carnivores, les Théropodes, et d’Ornithopodes du Trias (220 millions d’années), c’est-à-dire datant d’une époque bien antérieure à l’existence des oiseaux, qui eux prennent naissance à partir des reptiles au Jurassique supérieur (140 millions d’années). Mais Hitchcock avait des excuses, ses premiers travaux sont antérieurs à la naissance du concept du dinosaure puisque celui-ci n’a été introduit par le Britannique Richard Owen qu’en 1842 et c’est seulement en 1856 que la première découverte d’ossements de dinosaures eut lieu en Amérique du Nord. Mais il faudra attendre la fin du XIXe siècle pour que les conceptions d’Hichtcock sur la présence de grands oiseaux parcourant les plaines triasiques du Connecticut perdent tout crédit.
Philippe Taquet