Feuille 100 000e NI-30-IV-3 (Bel Rhiada)
Visitées et décrites en 1914 par E. F. Gautier dans un article de L’Anthropologie paru en 1916 sous le titre “Nouvelles stations de gravures rupestres nord-africaines”, les gravures des Grand et Petit Ghilen furent inventoriées beaucoup plus tard par le docteur Greisson qui passa plusieurs années à sillonner la région ce qui lui permit de mettre à jour plusieurs autres sites. L’article parut dans le Bulletin d’Archéologie Marocaine sous le titre “Sites préhistoriques et gravures rupestres des Aït Bou Ichaouen”. En 1973, l’oeil averti d’André Simoneau permit, lors d’un examen sérieux sur le terrain, de fournir des compléments descriptifs sur les gravures du Grand Ghilen.
En 1968, le docteur Greisson venant d’Anoual décrivait ainsi la région : “Après l’oued Safsaf, on trouve une plaine entre l’oued Ghilen, affluent du Safsaf au Sud, et les montagnes appelées Koudiat el Hammam - Oune Jmirs, qui barrent l’horizon au Nord-Est. Celles-ci sont précédées de plusieurs rides d’importance variable, dont la piste se rapproche sensiblement à mesure que l’on progresse vers l’Est. Le rocher de Ghilen, qui appartient à ces formations, est assez isolé, trapu et massif; sous un certain angle, il présente la silhouette d’un lion couché qui se distingue de loin et l’on comprend tout de suite que les gravures ne peuvent être que là. Les montagnes voisines abritent encore des mouflons; la gazelle, de plaine et de montagne, n’a reculé que tout récemment devant les excès de braconnage et n’est pas encore bien loin, ainsi que la grande outarde, tandis que lièvres et perdreaux abondent encore. Ceci ajouté à la faune identifiée sur les parois rocheuses (autruches, éléphants), et à ce que nous savons de la faune connue historiquement dans ces régions (antilopes bubales, oryx, addax), nous montrent que ce district devait être fort giboyeux aux époques préhistoriques et propice à une population de chasseurs.”
Répartition des gravures du Grand Ghilen
Sur le sommet centre-ouest : Au-dessus de la “crypte”, sont visibles les deux éléphants, l’adulte, dont la tête a probablement subi un martelage, et le petit, avec le chasseur. C’est un homme allongé par terre, armé d’une hache à manche courbe. Greisson avance qu’il vient d’être piétiné alors que Simoneau pense qu’il vient, en rampant, s’attaquer au jarret de l’éléphant, méthode de chasse souvent utilisée. On pourrait penser que cela peut être les deux à la fois.
A l’opposé, grande gravure en grande partie érodée.
Face sud-centre : dalles avec gravures à thèmes géométriques, arceaux (appelés localement sfah, fers à cheval) et divers, piqueté grossier. Sur panneau vertical, autruches et divers modernes.
Sud-centre : Abri sous-roche : sur une dalle plusieurs piquetages, sandales, chameaux et divers.
Face ouest : Entrée du vestibule, avec la paroi aux gravures très soignées, en profondeur par piquetage et poli : un félin et de son petit, suivi d’un sanglier ? Gautier et Greisson en donnent chacun une interprétation différente; Simoneau penche pour un animal composite et fantastique, imaginaire, mythique, objet de crainte ou d’adoration. Sur la totalité de la paroi du couloir, on note quelques bovinés et des autruches, très chargés de graffitis modernes.
Face sud-ouest : sur deux grandes dalles inclinées, formant une seule à l’origine (fracturée par un tremblement de terre ?), divers à thèmes géométriques et modernes.
Sur une dalle supérieure : divers gravures patinées et un humanidé.