Feuille au 1/100 000 NH-30-VII-3 (Tagounite)
La nécropole de Foum er'Rjam et le Foum Tidri
Foum er'Rjam signifie en arabe “passage des tumuli”. A 20 km au Sud de Tagounite se dresse la grande barrière rocheuse calcinée du jebel Beni Selmane qui culmine à 755 mètres d’altitude. Deux cols permettaient à deux tracés différents de passer sur l’autre versant : le col de Beni Selmane qu’emprunte la route actuelle pour Mhamid et un autre passage, plus ancien et maintenant complètement abandonné, le Foum er'Rjam qui a donné son nom à la nécropole.
A cet endroit, sur le plateau en pente douce, se dressent des centaines, peut-être un millier, de tumulus, pyramides de pierres sèches accumulées, coniques pour la plupart, des cônes souvent un peu arrondis, de dimensions différentes, de un à quatre ou cinq mètres de hauteur. Un grand nombre ont sur le flanc, orienté Sud-Est, une sorte de lucarne d’environ 0,50 m de côté, réservée dans la construction et fermée par une grosse dalle posée à champ. La partie de la nécropole qui s’étend à l’Ouest pourrait être la plus importante, sinon par le nombre des tumulus, du moins par la qualité de certains d’entre eux et par suite de l’existence d’un cimetière entouré d’un mur bas en pierre sèche, sur le sommet de la première croupe à l’Ouest de l’ancienne piste du Tizi. Cette enceinte suggère l’idée qu’il s’agit là d’une sépulture réservée à des familles ou des personnages de haut rang. Les tumulus y sont nombreux, la plupart y ont une forme conique pointue assez accentuée; certains portent au sommet une pierre levée. L’oeil averti peut observer à côté de plusieurs tumulus un tertre bas pouvant avoir servi de table à offrandes. L’existence de restes calcinés de petits ossements, trouvés sur leur partie supérieure, a fait dire à certains que ces tables auraient pu servir à des sacrifices, mais rien n’est certain. Quelques tumulus sont reliés entre eux par un sentier de dalles posées à champ. Sur six tumulus fouillés, cinq possédaient une chambre funéraire renfermant plus ou moins de squelettes entiers ou d’ossements épars. Les tombes visitées ne contenaient aucun matériel funéraire à l’exception de quelques fragments de tissus trouvés près d’un squelette.
A l’opposé de la nécropole, vers le Foum Tidri, se remarquent plusieurs grands tertres bas et plats, en pierres de petit calibre, dont on ne peut définir s’ils représentent l’écroulement d’un fortin ou d’une maison, ou quelqu’autre amas de cailloux.
Plus bas, au niveau de la vallée de l’oued Draa, les tumulus sont clairsemés et souvent éboulés; quelques-uns plus dégradés montrent un caveau oblong. Dans la partie Est de la nécropole que se trouvent deux forteresse en ruines. L’une, de nos jours dépourvue de nom, est située sur un piton à demi isolé entre deux ravins qui se rejoignent en direction du Draa. Ces ruines, peu importantes, paraissent être plutôt celles d’un fortin que celles d’un village.
L’autre forteresse, l’Irherm n’Irhir n’Tidri, plutôt un village fortifié, est située à l’extrémité Est du jebel en surplomb de la rive droite du Draa au Foum Tidri. Assez grand, très ruiné, il est entièrement construit en pierre d’assez petit appareil à l’exception d’une muraille en pisé qui double à l’extérieur le rempart de pierre muni d’une seule porte à l’Est. Comme le fortin, ces ruines ne paraissent pas relever d’une technique de construction très ancienne. Il s’y trouve des tessons de grosses poteries rouge,s comme en maints autres sites abandonnés de la vallée du Draa. Selon certaines traditions locales, Irherm n’Tidri aurait été jadis une cité chrétienne.
A l’Est de la nécropole de Foum er'Rjam, de l’autre côté de l’oued Draa, une suite de collines rocheuses, appelées Imeggag ou Meggag, sont traversées, d’une falaise à l’autre, par plusieurs remparts et portent les vestiges de nombreuses constructions ruinées d’une époque qui n’a jamais été datée. Des dalles dressées forment la base des murs. Une dizaine d’aires de battage sont entourées de murettes de pierre mais on ne trouve pas trace de poterie ni de citernes attestant d’une occupation ces derniers siècles. Ces ruines sont situées à l’extrémité Ouest des collines rocheuses arrivant à l’oued Draa. Du côté opposé, vers l’Est, une quinzaine de tumulus présentent la même structure que la nécropole de Foum el'Rjam.
Sur la rive gauche du Draa, au SSE de Foum el'Rjam, se distingue Taourirt n’Tidri : une colline où se trouvent des ruines, les unes de pierre, les autres de pisé. C’est ce site qui était donné par les Juifs, habitant encore la vallée du Draa au temps du Protectorat, comme les restes de leur premier établissement dans la région. La tradition orale des anciens du pays est abondante. Jean Mazel, dans son livre : Énigmes du Maroc, rapporte que d’après une enquête locale, certains prétendent que les ancêtres de leurs ancêtres affirmaient qu’avait existé, dans des temps anciens à Foum er'Rjam, une stèle sur laquelle était gravée l’inscription suivante : “Jusqu’ici, Joab, prince de l’armée, poursuivit les Philistins.” Certains prétendent aussi qu’il s’agit d’un cimetière chrétien... contenant des restes des chrétiens exterminés par des Juifs au cours des sanglants combats qui décimèrent les anciennes communautés du Draa. D’autres estiment que toutes les tumulus de pierre de la région abritent les corps des Juifs massacrés par les Almoravides ou par les Almohades. On parle également d’un sommet proche qui s’appellerait le “jebel Daoud” (la montagne de David).
Gravures et graffitis de la nécropole de Foum er’Rjam
Tous le secteur, parmi les tumulus, est garni de dalles de grès couvertes de graffitis assez anciens. Sous les graffitis, quelques de reproductions de bovinés au très poli profond.
Sur une grande terrasse en bordure de l’oued Draa et en surplomb de la séguia, éléphant sans tête au trait profond poli sur grosse dalle de réemploi pour couvrir un sarcophage dans un tumulus fouillé. La partie cassée où se trouvait la tête de l’éléphant date probablement d’une période antérieure à la construction des tumulus de la nécropole.
Les anciens racontent que la bordure de la terrasse, côté oued, était garnie autrefois de roches couvertes de gravures... L’ensemble aurait été détruit à la dynamite pour permettre le creusement de la séguia d’irrigation.
En suivant la bordure de la terrasse, sur une dalle cassée, bovidé au trait poli couverts de graffitis.
Dernier tumulus au sommet de la terrasse, fouillé superficiellement par des pillards, avec plusieurs petites dalles à graffitis.
Ensuite succession de dalles à graffitis côté petite vallée d’oued intérieure.