Feuille 100.000e NH-29-XXIV-3 (Azilal)
Le jebel Rhat (ou Rat)
Montagne-refuge, montagne-sanctuaire, montagne-pâturage, le jebel Rhat est surtout connu pour ses gravures rupestres polies ou piquetées sur ses tables de grès rose à la patine bleutée. Il y a des millénaires, les pasteurs sahariens abandonnèrent des régions où les pluies moins abondantes étant devenues irrégulières, les sources se tarissaient et où les fleuves se transformaient en mares avant de disparaître dans les sables. A la recherche de nouveaux pâturages ils les trouvèrent d’abord sur le piémont Sud de l’Atlas puis, la sécheresse aidant, dans des secteurs d’altitude comme les flancs du jebel Rhat.
Chaque été, pour le 20e jour de Smaïn, un pèlerinage a encore lieu au Rhat. On monte alors des plaines du Tadla et du Haouz, à Djemaâ n’Aït Rabi, pour y implorer, quand la sécheresse s’attarde, les saints protecteurs aux cent tombeaux: panthéon païen et cultes anciens récupérés dont les origines remontent probablement à l’époque de ceux qui ont signalé leur présence à travers les gravures rupestres: la montagne n’était-elle pas déjà le symbole de l’eau, de l’herbe et de la fécondité. Preuve que le Rhat est resté ce qu’il était déjà pour ses premiers occupants: un des plus beaux parcours de transhumance du Haut-Atlas, avec le Mgoun et l’Ahançal.
Les gravures rupestres du Tizi n’Tighiyst (2399 mètres)
Au Maroc, la plupart des sites de gravures se trouve sur des lieux de passage et surtout près des aougdal, prairies d’altitude. Celui du col de n’Tighiyst est de loin le plus connu du jebel Rhat. Étudié par l’abbé Glory en 1953, il fait partie des relevés du Corpus de Jean Malhomme de 1961. D’autres sites furent trouvés plus tard dans les environs. Le tizi n’Tighiyst se caractérise par ses nombreux disques-boucliers, pointes de javelots et petits cavaliers libyco-berbères, parfois armés. D’après Glory, l’ensemble des cavaliers peut représenter le déroulement d’une bataille. Une scène figure une chasse à la panthère. “On reste admiratif devant la vivacité de ces images de lointaines batailles et scènes de chasse, d’une époque glorieuse du passé berbère.” Susan Searight et Danièle Hourbette, dans Gravures rupestres du Haut-Atlas.
Un autre site existe plus au Nord; le gardien peut vous y conduire.